Toute Prison à Sa Fenêtre [PV:Aya Misato]

Il savait que les barreaux de la cage ne le retiendraient pas longtemps. Il savait qu’en dépit des apparences, il n’était pas en prison. Oh que non ! Pour lui, cela ne représentait qu’un rite de passage avant de s’engouffrer de nouveau dans la vie d’un nouveau maître. C’était l’unique moment de solitude, mais aussi celui permettant de faire le point sur sa vie. L’hybride attendait patiemment dans sa demeure de fortune, assis sur la paillasse en proie à un vilain assaut de puces. Il n’avait pas l’air d’être aussi effrayé, abattu et malade que les autres. En fait, cela lui convenait parfaitement. C’était le seul instant durant lequel il avait la possibilité de méditer, de savourer la solitude. Il s’égaya à reluquer les parois crasseuses du cachot, lisant chaque mot inscrit, chaque insulte promulgué à l’encontre des tortionnaires aux longues cornes. « Enflures ! » « Je serais bientôt hors de cette île ! » « Ils ne me trouveront jamais si je me cache par là… ». Autant d’absurdités rassemblées sur un seul mur, cela en devenait amusant ! Tandis que ses yeux parcouraient les inscriptions, les autres pensionnaires miaulaient, gémissaient, pleuraient à s’en décrocher le pharynx. Les geôliers tentaient de rétablir un minimum d’ordre, mais les nuisances sonores ne faisaient pas partie de leur contrat. Ils étaient deux à jouer aux cartes, un rapide coup d’œil laissait entrevoir du Tarot. Après s’être repus des derniers écrits, Kitty s’intéressa à son voisin d’en face. Il était maigre, les cheveux effilés, l’air perdu et surtout très jeune. Il avait les cheveux noirs, les yeux violets, la queue pourprée.
Adossé contre le mur, les cris environnants ne semblaient pas le gêner. C’était sans doute la première fois qu’il se retrouvait là, dans ce coin sombre, attendant l’inconnu. La plupart des nekos réagissaient de la même manière de toute façon. Peur, rébellion… Lui n’avait que hâte et désir. Ainsi avait-il probablement perdu son aspect humain qui poussait à choisir la liberté plutôt que l’asservissement, le libre arbitre plutôt que la contrainte. Il avait été comme lui autrefois, l’incertitude alliant chacune de ses pensées, les questionnements submergeant son subconscient. Mais après tout, faute de grives, on mange des merles ! Se contenter de ce qu’on a, apprendre à l’apprécier. C’est ainsi qu’on trouve le bonheur. Les éclats de joies aussi soudains que violents n’amène en rien le bonheur qui est lui une continuité tranquille. Un homme simple, aux désirs modestes peut tout à fait être heureux avec cela s’il le conçoit ! Ainsi avait-il adopté cette philosophie. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, il lui arrivait quelque fois de se demander ce qu’il aurait advenu si les démons n’avaient pas attaqué l’île, s’il avait vécu près de sa famille, de ses amis, sans aucune contrainte, tortures, bizarreries etc. C’était ses « petits moments de déprime » comme on pourrait les nommer.

Ainsi dont le voila rêvassant dans sa cellule, ses oreilles continuellement agressées par le tintamarre des autres bestioles. Il n’avait que rarement passé du temps avec les hybrides ces dernières années. Seulement des vampires, démons et des humains. Il sourit en pensant à quelle serait son prochain acquisiteur. Il parierait sur un démon du genre sanguinaire et lubrique. Il était du genre à les attirer. Il se retira de sa paillasse afin de coller son visage pâle contre les barreaux glacés de la cage. Il ne pouvait voir que d’un œil et avec un angle étroit ce qu’il se passait à la porte d’entrée. Il n’y avait pas foule dans ce marché. Il fallait dire que l’heure n’était pas aux achats d’hybrides et les démons avaient fort à faire. Il soupira et accrocha l’un des barreaux de sa main, décollant son visage qui commençait à s’anesthésier au contact du métal gelé. Il s’étira tout en gardant sa main suspendue aux barres froides et joua à atteindre la plus longue distance avec ses pieds. C’était un très bon exercice pour la colonne vertébrale, car être assis toute la journée durant engourdissait les membres et dégradait la posture. Tandis qu’il exécutait ses amusements, il entendit la porte de la boutique s’ouvrir une nouvelle fois faisant rentrer un nouveau visiteur. Il lâcha son barreau et se remis en place assis en tailleur sur le sol, un sourire attendrissant aux lèvres

Aya était devant cette fenêtre, seule , toujours seule. Elle regardait le soleil se lever et lui donner ce petit gout amer si habituel et désagréable. Elle avait depuis peu acquis un sublime manoir au bord de la mer. Ainsi elle pouvait admirer le couché de soleil, le voir disparaitre petit à petit derrière l'océan. Cette femme était une grande admiratrice de la nature mais uniquement à la lumière de la lune. C'est tellement plus poétique et puis plus agréable aussi quand on est un vampire. Elle passa une cape de velours rouge afin de cacher ses épaules du soleil qui pourrait agresser sa peau de porcelaine. Prit une paire de lunettes de soleil pour protéger ses yeux bleus comme la nuit. Une fois prête à sortir elle passa sa grande capuche sur sa tête et sortit de chez elle. Aya avait prit avec elle une petite pochette contenant le minimum afin de ne pas s'encombrer lors de ses emplettes. Elle avait dans l'idée d'aller chez le marchand d'esclaves pour faire l'acquisition d'un compagnie pour ses longues nuits d'insomnies. Tout le monde sait que les vampires ne dorment jamais, les journées sont donc interminables et une compagnie n'est jamais désagréable. Elle voulait faire l'acquisition d'un charmant chaton avec qui jouer de temps en temps et qui espérons le ne lui donne pas trop de fil à retordre, car il faut avouer que le jeune femme n'est pas très patiente.

Elle passa devant un marchand d'accessoires pour esclaves. Elle s'y arrêta pour y trouver un petit présent à offrir à son futur compagnon . Elle chercha parmi de jolies colliers, la plupart étaient en cuir ou en corde, rien de très beau et qui en plus avaient l'air très désagréable à porter. Elle avait beau être maitresse, elle n'était pas du genre bourreau non plus. Elle alla se renseigner auprès du vendeur pour savoir s'il ne vendait rien de plus chic. Celui ci lui avoua que si mais que c'était tellement rare et surtout tellement cher qu'ils les rangeaient dans une autre pièce. Elle le suivit et découvrit une superbe collection de collier de velours et de diamants, d'émeraudes, de saphir et de perles... Un véritable luxe mais la demoiselle était très riche et ne craignait pas de dépenser un peu d'argent pour son futur compagnon de nuit. Elle tomba sous le charme d'un collier en velours bleu nuit serti de trois jolies saphirs étincelants. Elle le désigna donc au vendeur qui lui remit dans un petit sac et en échange la demoiselle lui remit la somme en vigueur afin de l'obtenir. Elle alla ensuite en direction du marchand d'esclaves.

Une fois arrivée devant l'enseigne elle entra doucement et avec un sourire discret salua le vendeur et ses chiens de gardes. Elle lui demanda de voir les derniers arrivage et celui ci s'exécuta et l'emmena dans la salle où sont stockés tous leurs esclaves. Elle passa devant quelques cages en regardant bien le visage et l'allure de chacun mais aucuns ne l'attirait vraiment. C'est en avançant encore un peu qu'elle remarque une silhouette frêle se tenant assis en tailleur. Elle s'approcha de la cage et vit son charmant visage, il était vraiment à croquer. Elle lui sourit et lui adressa quelques mots d'une voix douce.

-"Bonjour, comment t'appelles-tu mon mignon? Sa te dirait de venir avec moi? J'ai un grand manoir au bord de la mer, c'est luxueux et très entretenu tu verras tu y seras bien...Qu'en dis-tu?"

Elle avait posé sa main sur l'un des barreaux, son visage était doux malgré ses canines que l'on apercevait quand elle souriait. Son regard bleu nuit était plongé dans celui de l'esclave, il avait les yeux de couleurs différentes et cela intriguait la demoiselle, elle trouvait cela très beau d'ailleurs. Ses oreilles et sa queue avaient l'air d'être très doux et son pelage était abondant, il devait être de race angora. Enfin elle le saurait en lui posant la question plus tard. En tout cas, la jeune vampire avait fait son choix et serait prête à tout pour le ramener avec elle et devenir sa nouvelle maitresse.

Attendant sagement devant la grille, son cœur battait la chamade. C’était toujours un grand moment cette rencontre avec un potentiel acquéreur. Le palpitant se mettait à cogner dans la poitrine et l’adrénaline s’élançait dans chaque tissu les obligeant à se tenir alerte. Vision brouillée, perte partielle du contrôle de la capacité motrice, trépidation et bien d’autres symptômes assommants. Il était assis en tailleur, chatouillant ses orteils du bout de ses doigts, geste nerveux et sans importance qui l’aidait à tenir le coup. Il n’avait jamais aimé le stress, peut-être en raison des multiples péripéties de son enfance qui lui avait valu un bon lot d’ennuis. Il en était devenu allergique à cette torsion d’estomac que l’on ressent chaque fois que quelque chose d’important appelle à se produire. Sa queue battait l’air par automatisme, et il se força à prendre la pose et l’attitude la plus charmante qu’il soit. Ainsi donc il ouvrit de grands yeux, sourit ostensiblement et dressa ses oreilles. Il perçut un grincement, un pas, puis deux. Apparemment il n’y avait qu’un seul client. Cependant rien n’était joué, c’était un peu comme une compétition… Et il se savait dans la course. Il avait toutes les chances de son côté, bien qu’il n’ait pas aperçu les autres pensionnaires, il avait confiance en ses dons de charmes. Il était impatient de voir le visage de celui ou celle qui apparaitrait sous peu devant lui. Et enfin, après à peine un jour d’attente, voila sa future propriétaire.

Elle arriva tout d’abord de profil. Il nota hâtivement qu’elle possédait un profil allongé bien qu’elle ait une petit taille. Ses yeux étaient d’un bleu éclatant, il ne distinguait pas exactement la teinte dans cette pénombre, mais ceux-ci semblaient luire de quelques éclats fascinants. Ses longs cheveux semblaient fais de paille sans en avoir la texture. Ils paraissaient soyeux et fins, se terminant au niveau de ses omoplates. Elle arborait une somptueuse cape de velours pourpre voletant derrière elle, faisant apparaitre d’improbables ombres sur les murs. L’hybride présent dans la cage d’en face paru d’ailleurs étonné de la voir, elle et ses illusions fantomatiques projetées sur les murs sales de la prison. Ce fut de surcroît l’unique chose qui réussi à le sortir de sa torpeur. Elle fit volte face, lançant un léger regard à son voisin, puis reportant son attention sur lui-même. Il en était tout émoustillé, et s’il avait eu des moustaches, elles auraient frétillées sans aucun doute. Il fallait préciser que cette femme, malgré sa frêle carrure et son visage de porcelaine, n’avait rien à envier au charisme de Lucifer lui-même. Lorsqu’elle s’approcha de sa cellule, il put constater que ses canines paraissaient plus évoluées que la normale. Il avait déjà eu affaire à un vampire par le passé, ils étaient de redoutables créatures et des maîtres sans pitié. Enfin, c’est ce qui se racontait tout bas. Et la réalité transcendait parfois la fiction. Il lui sourit, parlant d’une voix posée et sensuelle. Il mima son sourire et s’approcha un peu des barreaux, sans pour autant se mettre à sa portée. Tout se commerce dans la vie, ce n’était que par la patience qu’on obtenait ce que l’on voulait… Ou par le fouet. Il écouta ce qu’elle avait donc à lui dire de si important. Il se laissa porter par son timbre. Oh ! Un manoir ? La mer ? Une maîtresse ? Il ne demandait pas mieux ! Il sourit de plus belle, singeant la dame et fit remuer ses oreilles. Il prit finalement la parole et s’adressant à elle d’un ton masquant avec difficulté son enthousiasme :

« That’s alright! J’en serais vraiment ravi ! Nya… Mais il faudrait y voir avec les vendeurs pour l’administratif, je ne suis pas encore enough dépendant pour me vendre tout seul mistrass’!»

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A peine avait-il fini sa phrase qu’un homme tout enrubanné de blanc, au nœud papillon et à l’air férocement commis, vint à la rencontre de la jeune femme. Il lissa plusieurs fois sa moustache avant de lui demander la permission de l’aider dans son choix. La jeune femme lui tint la conversation un moment, montrant son dos à l’hybride qui fit mine de ne pas écouter tout en tendant l’oreille. Le négociant quant à lui, lui lança quelques regards tandis qu’il discutait. Finalement on fini par amener les gardes qui le libérèrent de sa prison infecte. Alors qu’il se remettait sur pied et s’avançait vers la sortie, il s’étira de tout son long ce qui, il fallait le dire, n’était pas très haut. Il lança un dernier regard à son voisin prisonnier et lui fit un clin d’œil narquois avant de trottiner derrière sa nouvelle dame.

Aya regardait le petit chaton s'exprimer avec résolution. Elle avait fait son choix se serait lui ou personne d'autre. Le charme de la petite boule de poil avait fait son effet sur la jeune vampire. Elle sentit quelqu'un arrivée, rien qu'à l'odeur repoussante qu'il dégageait. Elle se leva et tomba nez à nez avec un homme vêtue de blanc qui caressait sa moustache. Il était vraiment repoussant, tant par l'odeur que par le physique. Elle fit mine de rien et cherchait à régler tout cela au plus vite. Elle discuta un peu avec le vendeur qui avait l'air bien résolu à lui vendre un esclave qui tombait en ruine, dont le poil était à moitié partit due au manque de soin et dont on voyait sautiller les puces qui grouillaient. Jamais un être de la sorte ne passerait la porte de son domicile absolument parfait. Pour un manoir luxueux, à la propriétaire tout aussi luxuriante il fallait une compagnie qui corresponde au décor. D'où son choix pour la petite boule de poil dont le poil doux semblait éclatant de propreté.

-"Je vous dit qu'il n'y a que celui ci qui m'intéresse!"

-"Vous êtes sur mademoiselle car il y en a d'autre d'absolument parfaits."

-"Je vous préviens ne me poussez pas à bout ou vous risqueriez de le regretter..."

-"Hum...très bien adjugé pour le petit Kiiro."

-"Et bien voilà ce n'était pas si dure que cela."

-"Par contre je demande le paiement avant d'ouvrir la cage, pour des raisons de sécurité..."

-"Aucun problème...."

Elle lui donna une petite bourse en velours rouge d'où était rangé toute l'argent nécessaire à l'achat du jolie Kiiro. Le vendeur ouvrit enfin la cage libérant le petit Hybride. Elle attendit qu'il vienne à elle puis une fois devant sa nouvelle maitresse Aya sortit le jolie collier acheté précédemment juste pour lui.

-"Et voilà Kiiro, maintenant tu es à moi, tu verras ta nouvelle vie va te plaire j'en suis certaine..."

Elle lui passa le collier autour du cou puis lui attacha soigneusement. Elle passa sa main sur sa joue pour le caresser tendrement puis le regarda en souriant.

-"Tu es adorable ainsi...Allez on rentre à la maison..."

Elle prit le mignon petit chaton par la main comme une maman protectrice avec sa progéniture et traversa le magasin. Elle salua rapidement le deuxième vendeur pour lui dire au revoir puis ouvrit la porte afin de sortir retrouver son habitation. Dans la rue les gens regardaient avec admiration les saphir qui étincelaient au cou du jeune hybride et faisait ainsi ressortir sa charmante petite bouille.