Me voilà coupable... Me voilà punie ~ [Pv Vanael Dorach]

Chapitre premier ~ Me voilà coupable... Me voilà punie ~

La veille, les acheteurs ont défilés les uns derrières les autres. La très grande majorité d'entre eux sont repartis avec un esclave sous le bras et avec un porte-monnaie plus léger de quelques billets ! La veille, certains esclaves se sont pris quelques coups pour des raisons diverses et variées et tous ont demandé pardon, une partie ignore pourquoi ! Question de réflexe quoi ! La veille, quelques personnes ont pris la peine de poser les yeux sur la petite humaine boudeuse et renfrognée. La veille, il s'est passé la même chose que les jours précédents et laissait un avant goût des journées qui allaient suivre. Cette dite veille dure bientôt quelques semaines, qui finirent par devenir des mois et bon dieu qu'est-ce que peut être long ! Enfermée dans une cage abîmée lorsqu'elle n'est pas mise en avant pour la vente, la rouquine se demande si elle finira par sortir de cet endroit où si elle crèverai dans sa cage... En face d'elle, Eya faisait face à d'autres humains, des personnes qui avaient pris l'avion en même temps qu'elle.

Les souvenirs de sa venue sur l'île sont flous et possédant une saveur acide. Elle se souvient du crash si soudain de l'avion, la panique qui régnait lorsque les masques à oxygène tombèrent, la voix chevrotante des hôtesses de l'air lorsqu'elles disaient que "Tout va très bien, ne vous inquiétez pas." puis après ce fut le trou noir. Elle n'aurait pas survécu, cela n'aurait rien changé puisqu'elle n'avait rien vu venir et rien sentie... Sans douleur, une mort douce en quelques sortes. D'une certaine façon, le crash aurait pu lui être libérateur et l'aider à fuir définitivement sa vie. Malheureusement pour elle, les choses ne se passent toujours comme on le voudrait et Eya survécu à l'accident. Sur les trois cent passagers, une petite vingtaine a réussi à survivre dont le pilote de l'avion et hôtesse complètement déboussolée ! Pas le temps pour cette troupe de comprendre la situation, le réveil fût brutal et effrayant. Ils étaient tous dans une cage rouillée et abîmée par endroit... D'ici peu on les mettrait en vente pour le plaisir des créatures qui vivent sur l'île... !

Depuis ce jour, un grand nombre des survivants du crash ne fait plus partie de la marchandise : soit ils ont été acheté soit ils se sont suicidés à petit feu en cessant de se nourrir. Malgré l'écoulement des mois, l'humaine a prouvé qu'elle avait un moral d'acier et qu'elle était très effrontée lorsqu'elle le voulait. Les potentiels acheteurs ont souvent changés d'avis face à son comportement, pensant qu'un dressage ne suffirait pas à lui rappeler qu'elle n'était qu'une soumise. Aujourd'hui, le vendeur a décidé de retenter sa chance et de remettre la Demoiselle sur le devant de la scène ! Après un brin de toilette, à l'eau glaciale il va de soit, un petit époussetage de sa robe et un truc qui ressemble vaguement à chignon, le vendeur a jugé qu'elle était présentable ! La jeune femme traîna des pieds en râlant durant le court trajet qui la menait à la salle des ventes, où les Maîtres s'étaient déjà installés en masse. A sa grande surprise, il n'y avait aucunes autres personnes ! Pas un seul humain, pas une seule humaine au bord de la crise d'hystérie, pas d'hybride révolté par la situation... Non, il n'y avait personne d'autres qu'elle-même et le vendeur qui la poussa sur le devant de la scène.

"Mesdames, Messieurs ! Aujourd'hui, exceptionnellement, je vous propose une offre qui ne se refuse pas ! Une humaine en promotion, elle est ici depuis peu ! J'en demande pas cher, seulement quelques billets !"

Quitte à se débarrasser de la rouquine, autant mentir et la faire passer pour la marchandise fraîche. De cette façon, Monsieur le vendeur en demandera une jolie petite somme tout en faisant croire que, comme elle vient d'arriver, c'est une véritable affaire ! Malheureusement pour lui, Eya n'était pas d'humeur a jouer les gentilles jeunes femmes fragiles et déboussolées et lui cracha au visage lorsqu'il s'approcha d'elle. Elle se tourna vers l'assemblée, il y avait foule aujourd'hui c'était énervant de les entendre crier des prix divers et variés. La sensation d'être un vulgaire morceau de viande lui effleura l'esprit, c'était encore plus humiliant que d'être battue par pure sadisme. Bien qu'elle veuille quitter très rapidement cet endroit, Eya ne voulait pas se rabaisser au niveau des autres humains qui fondaient en larmes pour être sûr de fuit loin d'ici et de l'enfer des coups. La jeune femme espérait simplement que quelqu'un se rende compte de la mascarade et fasse taire les autres crétins en rut !

A force d'attendre, elle avait finit par donner des surnoms aux acheteurs du premier rang ; oubliant totalement la présence du vendeur qui, humilié après s'être fait craché dessus, s'empressa de lui donner un coup de fouet afin de la remettre à sa place ! Eya se raidit en sentant le cuir claquer sa peau mais ne montra pas une once de douleur, elle resta froide et distante comme-ci elle n'avait rien senti. Son regard se déporta vers le fond de la salle, les clients commençaient à partir sans trop qu'elle sache pourquoi... De toute façon, c'était couru d'avance, qui voudrait d'une jeune humaine comme elle ?!

[Désolée pour le retard, c'est pas terrible ! Je me rattraperai lors de ma réponse =)]

Une nouvelle fois en très peu de temps, Vanael était de nouveau présent à la vente compulsive de bétail que caractérisait avec tant d'efficacité le marché des esclaves de Shin Kotsuki. Le démon important qu'il était et son pouvoir spécial très puissant le rendait un adversaire coriace et digne de respect mais le vieux vampire ne pouvait s'empêcher de le voir comme une preuve de la dépravation de la société démoniaque, aussi dépravé que celle-ci soit à la base. Les démons avaient toujours été porté sur l'esclavage mais le marchand d'esclave avait amené le concept humain de mercantilisme dans les échanges et cet apport avait fait fureur chez les démons et les avaient rendus encore plus perfides. Le dédain pouvait presque se lire dans ses yeux quand il regardait la masse d'insectes qui fourmillait devant lui, certains traînant des déchets, des esclaves, avec eux. Pourtant, il venait faire la même chose qu'eux. Mais pour la deuxième fois depuis son arrivée sur l'île, il venait ici non pour se trouver du matériel vivant à découper physiquement pendant deux mois, mais plutôt pour se trouver une esclave qu'il pourrait interroger sur son psyché. Les critères étaient clairs, il fallait que l'esclave sache tenir une discussion pertinente avec lui, qu'il ou elle ne soit pas complètement fermé à toute cohabitation. Bref, un esclave pas brisé, intelligent mais pas trop rebelle. Ça devait se trouver mais il avait l'impression que le mandat serait dur.

Traversant le couloir, il entra dans une salle de vente libre, une enchère venant d'être terminé, la jeune esclave marchant au côté de son nouveau maître, le regard vide. Elle était brisée, donc Vanael la sortit tout simplement de son esprit. Il n'était pas là pour sauver des vies ou des âmes mais pour satisfaire ses plans. Il aurait pu travailler ailleurs mais la présence du vampire originel sur l'île rendait l'endroit particulièrement plus intéressant. Après tout, quoi de plus intéressant que de voir Lelouch Vi Britannia au commande d'un État à part entière? C'était une leçon pour le vampire, qui n'avait jamais vu sa race qu'une race de buveurs de sang compulsifs et reculés de tout. Le vampire originel avait beau aimé le sang et la chair fraîche, il était complètement différent des jeunes sang-pur et tous les transformés. Lâchant son train de pensée, qui s'éloignait de l'endroit sordide où il se trouvait, il ramena son regard sur la salle. Les plus riches démons s'étaient installé à l'arrière, sûr de leurs finances. La racaille était en avant, bavant en attendant la prochaine esclave qu'ils ne pourraient sans doute pas acheter. Vanael, quant à lui, était accoté au mur, loin de tous, caché dans l'ombre de la salle. Trois démons brillaient par leur présence, mais ne connaissant pas leur nom, Vanael les surnomma : Grassouillet, Baguette et le Nain. Grassouillet, Baguette et le Nain était tous les trois au premier rang. Les bourrelets de Grassouillet s'appuyait même sur la salle. Il semblait raconter une blague salace et le Nain rigola tandis que Baguette fit la tête. Détournant son attention d'eux, il entendit l'annonceur déclarer la prochaine possible prise.

Lorsqu'il la vit arriver, à sa seule démarche, il savait qu'elle était pour lui. Malgré les chaînes, la situation, il pouvait toujours lire la fierté bien placé dans son regard, l'ardeur rebelle et la vivacité de l'intelligence dans son regard. L'aura de mystère qu'elle dégageait la rendait éminemment intéressante. Certes, elle n'était pas très bien présenté, mais c'était comme regarder un diamant non poli. Quand il la sortirait de la crasse, elle brillerait de milles feux. Cependant, les gros marchands et esclavagiste de pacotille n'avaient pas l'oeil comme lui. Ils commencèrent à quitter quand Vanael commença à avancer. Le claquement d'un fouet sonna. Sans perdre une seconde, il grimpa sur l'estrade, brisant quelques doigts au passage et débarassa le vendeur de son fouet en le jetant dans le brasero( le fouet, pas le vendeur hein!). Il fourra de l'argent dans la main du gardien, le sommant de disparaître. Cet acte devait sans doute lui attirer la sympathie de l'humaine, surtout qu'il ressemblait à un humain physiquement, malgré son regard complètement vide. Observant la plaie sur le dos de l'esclave, il prit un ton faussement concerné et déclara

-Salutations, femme. Quel est ton nom? Une fois que je le saurai, j'irai nettoyer cette blessure pour toi.

Il fallait créer une réplique d'un climat de confiance. Qui sait si elle le croirait? Cependant, selon ses calculs, la manière dont il était arrivé devait avoir créé une sorte d'admiration. Peut-être était-il erroné?

Alors que le cuir du fouet venait de s'écraser sur la peau de l'humaine, le vendeur regarda l'assemblée en souriant. Il était fier de montrer que pour le moment, c'était lui le chef et pas un autre ! Les chuchotements qui régnaient pas la salle venaient soudainement de mourir pour laisser place à palette d'expression qui allait de la satisfaction à l'étonnement, en passant par la colère. Eya se serait très certainement délectée de la scène, si ce n'était pas elle qui s'était prise le coup pour avoir manqué de respect à son geôlier devant tant de monde.

La jeune femme avait encaissé le coup sans geindre... Son corps tout entier s'était raidi sous le choc mais personne ne l'avait entendu gémir de douleur ou vu grimacer. Elle n'avait pas ciller une seule fois depuis qu'elle était montée sur la scène, trop fière pour se montrer faible et trop butée pour accepter son statut. Son regard fixait le vague et rien d'autre que le vague, ses narines étaient titillées par une odeur nauséabonde de transpiration et ses oreilles bourdonnaient à cause du brouhaha incessant qui venait de reprendre.

L'humaine ferma les yeux en tentant de s'évader par le simple biais de son imagination... Imagination qui ne court pas très vite depuis qu'elle s'est retrouvée dans une cage trop petite, trop sale et je vous en passes des vertes et des pas mûres. Alors que le fouet glissait lentement, elle sentait sa peau qui commençait à la brûler... Réaction logique après s'être prise un coup aussi violent ! Le brouhaha de l'assemblée s'évanouie aussitôt après avoir repris, un craquement sourd s'en suivit puis des murmures traversèrent la salle des ventes. Les Maîtres et Maîtresses, qui allaient quitter les lieux, se figèrent sur place regardant d'un air outré la scène devant eux ; certaines personnes de l'assemblée se mirent à jurer haut et fort leur mécontentement... Un bordel généralisé s'installa dans la salle des ventes, alors qu'Eya ouvrit brusquement les yeux pour comprendre ce qui se passait. Elle fit volte-face vers l'arrière de la scène et observa en écarquillant les yeux le remue-ménage qui se déroulait sous ses yeux. Amusée par la situation, elle réprimanda une envie folle de rire et garda avec une grande difficulté son sérieux !

Il faut l'avouer les êtres humains sont les créatures les plus étranges que la Terre a vu naître. Ils sont une palette graphique sentimentale, c'est assez pathétique lorsqu'on y pense. Jamais ils ne peuvent avoir de réaction raisonnée et simple ; chacune de leurs actions, de leurs envies, de leurs paroles se trouvent soumis à une ou plusieurs émotions. Même lorsque l'on pense que la neutralité s'est emparée d'eux, il n'en est rien ! Les émotions sont toujours présentes mais de façon plus tempérée qu'en temps normal. Qu'importe la situation, un être humain en tire toujours une certaine satisfaction ou une quelconque déception ! Eya est de ceux qui sont prisonniers de leurs émotions, elle en est totalement dépendante et n'arrive jamais à s'en détacher.

Ainsi lorsqu'elle a aperçu cet inconnu venir jouer les Super-héros, elle fût fortement surprise mais se sentit quelque peu flatté. Elle regarda la scène sans lâcher un mot, sans tenter d'intervenir... De toute façon qu'aurait-elle pu dire pour être écoutée ?! L'humaine n'était plus Reine de sa destinée et de ses actes, elle devait la marionnette de quelqu'un... Il semblerait que la poupée de chiffon ait été éventrée et vidée de toute forme de liberté de mouvements... L'île l'avait totalement désarticulée.

Lorsque notre Super-héros des temps modernes eut finit ses actions de Super-héros contre un Super-pas-beau-super-méchant-et-super-vexé, il s'adressa à notre petite humaine qui n'avait pas bougé d'un centimètre. Silencieuse comme à son habitude, elle afficha un sourire moqueur à l'entente des paroles qu'on venait de lui adresser ! D'ailleurs Eya ne prit même pas la peine de répondre et se tourna vers l'assemblée. Cette dernière était toujours figée sur place, on aurait dit un aquarium géant : la bouche grande ouverte et les yeux écarquillées. Ils avaient l'air fin teh !

L'humaine, toujours enchaînée, n'ouvrit pas la bouche et ne jeta pas un seul regard envers l'homme qui venait de l'acheter. En réalité elle était vexée et s'était rendue compte que sur cette Île, elle n'avait aucunes réelles valeurs... Elle était un morceau de viande jetée en pâtures à qui voudrait bien d'elle ! Ici, elle n'était rien d'autre et il lui serait difficile d'espérée devenir quelque chose d'autre.

"Eya..."

La jeune Soma serra les dents pour éviter de se montrer insolente pour la énième fois. Lorsqu'elle avait quitté le domicile familial pour fuir l'ignorance de sa génitrice et la violence de son beau-père, c'était pour pouvoir goûter à une véritable existence et se sentir libre de ses mouvements et ses actes... Les quelques temps où elle se trouvait loin de tous, c'était superbe malgré la situation dans quelle elle se trouvait. Mais il faut croire pour toute médaille, aussi dorée soit-elle, possède un revers ! Ainsi la jeune femme, après avoir été retrouvé par son beau-père, s'est retrouvée mise de force dans un avion qui s'est crashé.

Eya a survécu et s'est retrouvée ici... Réduite à un statut lamentable et une vie pitoyable ! Elle avait été coupable, et on l'avait tout bonnement punie. Coupable d'avoir voulu exister et vivre, coupable d'avoir été soumise à ses sentiments et ses désirs ! La punition était sans précédent et aucuns avocats ne voudrez faire appel pour obtenir quelque chose de plus clément... L'humaine finit par regarder son interlocuteur sans dire un mot avant d'inspirer longuement.

"Et puis... qu'est-ce que cela peut faire ? Est-ce le fait de savoir mon prénom va changer votre vie ? Est-ce que cela va m'aider à être traitée avec un minimum de dignité... ? Vous n'en n'avez rien à faire de mon nom, c'est mon statut qui intéresse !"

La jeune femme se tut en se contentant de regarder droit dans les yeux l'homme devant elle. En plus d'être prisonnière de ses sentiments, elle se retrouvait prisonnière d'un statut et d'un inconnu qui pourrait faire d'elle ce que bon lui semble.

(Pardon pour le retard... Je crains ==")

Il avait vu juste sur son caractère. La défiance qu'il apercevait dans son regard lui jetait furieusement le refus de ce qu'il avait tenté de créer de toute pièce, ce climat de sécurité qui aurait été si pratique. Le sourire moqueur qu'elle lui servit continua cette ligne de pensée, confirmant chacun de ses soupçons. La jeune femme était vraiment parfaite. Elle avait du tonus, de la vigueur, un esprit de fer qui n'avait pas été brisé par les semaines de captivité. En bonus, la jeune femme était belle à souhait, chaque partie de son corps s'assemblant avec perfection, si on oubliait ses petites blessures. La détresse qu'il voyait dans son regard, de son regard avisé, l'attirait profondément. Cette expression démontrait comment la jeune femme trouvait le monde incompréhensible, vide de sens et absurde, quelque chose qui le hantait depuis des siècles déjà. Il crut là avoir trouver sa contrepartie humaine en tout point. Toute sa vie, il avait vécu la vie d'un mort, ce qui semblait dérisoire face à la vie si complète et brève des humains. Vanael avait beau professé qu'il haïssait les humains comme tous les vampires, et qu'ils n'étaient que des sacs de sang, le véritable lui, celui que personne ne connaissait et que ceux qui l'avaient connus étaient morts, enviait les êtres humains. Le puissant vampire, qui pouvait faire presque n'importe quoi, qui était immortel, aspirait à la mortalité.

Quand elle déclara son nom, Vanael fut positivement satisfait. Eya était un nom qui allait comme un gant. Assez simple pour la décrire et assez exotique pour intéresser. Son monologue qui continua par après fut vraiment ce qu'il pensait qu'elle ressentait. Elle se savait condamné à ce sort d'esclave et avait compris ce qui serait arrivé si elle était tombé sur une majorité de maîtres. Mais lui n'était pas du tout semblable. Il jeta un dernier regard à la salle qui avait recommencé à fixer. Le regard que jeta Vanael déclencha une panique et plusieurs dizaines de personnes se ruèrent vers l'extérieur. Ramenant son regard sur l'humaine, il la prit dans ses bras et la mit en poche de patate sur son épaule sans faire attention à ses jérémiades qui allaient sûrement se mettre à se déverser de sa bouche. Il se dirigea à travers le marché pour atteindre finalement les douches des esclaves. Il fit signe à tout le monde de dégager et ferma la porte et la barra. Il déposa Eya sur la sol et se dirigea vers les lavabos. Il prit plusieurs serviettes propres et les humecta d'une eau tiède. Il fit signe à Eya de s'approcher et déclara par la suite, sans préambules,

-Tourne-toi et retire ton haut, je vais nettoyer ta blessure. L'infection est imminente sinon, vu le fouet qu'il a utilisé.

(désolé du retard immense et du post court)

Qu'avait-elle bien pu faire pour mériter un tel sort ?! Quelle faute devait-elle expier pour pouvoir retrouver un semblant de liberté ?! Son statut la bouffait littéralement de l'intérieur comme un cancer qui grossit et bouffe votre vie. Être esclave s'était la même chose, c'était un sarcome invisible et purulent qui vous vide peu à peu de votre volonté et vos idéaux premiers... Vous pouvez vous battre pour essayer de vous maintenir à flot mais le jour où la crampe montrera le bout de son nez, vous coulerez sans grand espoir de revoir la surface. Eya se battait encore pour rester égale à elle-même, ça fait des semaines qu'elle se battait contre du vent et par moment, elle était vaincue par K.O. ! Lorsqu'elle retrouvait un peu de force pour refaire surface, elle faisait tout son possible pour en fuir loin de ce monde étrange... ! Avec le temps, l'humaine avait finit par être vidée de son libre-arbitre...

Depuis quelques minutes il semblerait que les espoirs, qu'avaient fondés la jeune femme dans la fuite, venaient tous de mourir dans d'atroces souffrances. Cet étranger semblait avoir pris possession de sa personne et donc, par conséquent, possédera un certain pouvoir sur son conscient... Rien qu'à cette idée, Eya eut la sensation d'avoir des poids attachés à ses pieds ; poids qui étaient entrain de la faire couler lentement mais sûrement. Après avoir été vidée de son libre-arbitre, on l'enchaînait à un illustre inconnu qui, à cet instant précis, lui inspirait bien de choses mais pas de la confiance ! Elle qui s'était montée de toute pièce un moral d'acier, une volonté en béton armée et un caractère difficilement supportable avait peur de se voir rattraper par sa fragilité. Déjà qu'à son arrivée sur cette île, son égo avait prit un sacré coup et s'était quelques peu effrité... Depuis peu, on avait réussi à la désarticuler... Petite poupée qui devait maintenant répondre à désirs et envies de quelqu'un qu'elle n'avait jamais vu de sa vie. Il n'avait plus qu'à accrocher des fils dorés à ses membres et la Demoiselle se verrait transformée en patin écorché vif.

Heureusement pour elle qui lui restait le droit de s'exprimer... En réalité, l'humain s'était appropriée ce droit et l'utilisait quand bon lui semblait. Rien à faire des coups et autres formes de brimades, elle s'exprimerait si elle le voulait et personne ne l'en empêcherait. Quoi qu'il en soit, son regard décrocha de celui de son interlocuteur pour aller se poser vers une silhouette qui semblait se dirigeait vers elle ! Lorsque la personne fut assez proche, il n'était pas simple de reconnaitre le petit gros de vendeur qui s'avançait en faisant balloter sa bedaine de gauche à droite... Ça en donnerait presque le mal de mer. Eya détourna le regard vers l'assemblée où un vent de panique s'était mis à souffler sans trop en connaitre la raison ! Elle regarda des groupes fuir vers la sortie quitte à pousser où écraser quelques confrères, tandis que d'autres baissés les yeux sans demander leurs dues. C'était bien étrange comme comportement surtout de la part de créatures qui se veulent supérieure... La jeune femme tourna la tête vers celui qui semblait être son nouveau Maître et l'observa d'un air interloqué. Que s'était-il passé ?!

La sensation étrange d'être libérée d'un poids lui chatouilla l'esprit. Jusqu'à ce qu'un bruit métallique se fit entendre et que le vendeur marmonna quelques mots, Eya constata alors avec soulagement que ses chaînes lui avaient retirées et qu'elle était enfin libre de ses mouvements ! Elle passa ses mains sur ses poignets à vif à cause des chaînes qui avaient été bien trop serrés jusqu'à aujourd'hui. A peine avait-elle de le temps de savourer un peu de liberté qu'elle se retrouvait posée sur l'épaule du même étranger qui avançait sans même prendre le soin de s'adresser à l'humaine ! Cette dernière surprise et un peu vexée se mit à lui donner des coups dans le dos comme une forcenée tout en vociférant divers nom d'oiseaux.

"Nah mais c'est pas bientôt fini cette connerie ?! Chuis une grande fille, je peux marcher toute seule hein ! Sale brute épaisse, tu pourrais prévenir avant de faire des stupidités pareilles ! Puis j'allais pas m'échapper non plus hein ! C'est quoi cette façon de traiter son esclave ?! Bonjour le premier contact, vous êtes un grand couillon !"

Alors qu'elle continuait à râler et à déverser milles et une insultes et a donné des coups par moment, Eya aperçut avec effroi la façon dont se dérouler le marché... Il y avait tant de choses effrayantes, tant de pleures et cries, une odeur morbide et putride régnait en Reine ! Ça lui soulevait le cœur et lui donnait le tournis... ! Après quelques minutes à râler, elle finit par déclarer forfait et se contenta de souffler fortement pour montrer son mécontentement. Après quelques instants, elle crut reconnaitre la pièce où ils étaient mais ne pouvait jurer de rien tant qu'elle n'avait pas été posé au sol ! Elle réussit tout de même à voir que la pièce se vidait peu à peu avec un certain mouvement de panique... Certains esclaves partir dans le plus simple des appareils et en se lamentant de tout leur être. Les lieux furent vidés en quelques secondes et un bruit sourd s'en suivit, ce n'est qu'après cela que la Demoiselle put enfin avoir les pieds sur terre. Observant la pièce, elle réalisa qu'elle se trouvait dans les douches des esclaves... Le seul lieux on vous voit presque jamais, sauf lorsque vous devez monter sur scène pour les enchères.

L'humaine resta plantée devant la porte barricadée observant en silence les faits et gestes de son nouveau geôlier faisant une moue en entendant la requête... l'ordre ?! Un long soupire se fit entendre suivit d'un râlement. Un monologue sorti tout droit des lèvres d'Eya, rien de bien passionnant des jérémiades et autres bêtises en tout genre. Butée comme pas possible, elle voulut prouver qu'elle n'avait pas mal et qu'elle se moquait de ce coup. Elle s'adossa contre le mur d'un coup sec et sentit aussitôt après des picotements et une sensation de brûlure... Grimaçant légèrement, elle décida de s'approcher en trainant les pieds.

"Vos actions sont vaines ! Vous êtes aussi pourri de l'intérieur que tous les autres crétins en rut ! Jouer les Super-héros ne vous aidera à obtenir une once de sympathie !"

L'humaine resta figée sur place et planta son regard, à présent devenu gris, dans celui du son nouveau Maître. Sans dire un seul mot et sans ciller, elle ne décrocha pas une seule seconde son regard, les bras croisés sous sa poitrine... Dieu qu'elle pouvait être obstinée quand elle le voulait ! Après quelques instants, ses bras glissèrent le long de son corps pour se diriger vers son dos et retirera lentement le laçage de son corsage qui était en piteuse état. La jeune femme se mit dos à son interlocuteur et desserra au maximum son bustier avant de l'ôter lentement et le déposer au sol ! Son dos était marquée ici et là de cicatrices encore fraîche... Preuves même de son insolence et des coups qu'elle prit pour son manque de respect. Après quelques jours, les marques disparaitraient de toute façon.

La fraicheur de la pièce et l'odeur d'humidité commençaient déjà insupporter la jeune femme qui croisa les bras en soupirant. Elle se demandait sur qu'elle genre de personne elle était tombée... C'est fou comme elle regrettait sa famille d'un coup... Les coups de son beau-père n'était pas le meilleur des souvenirs et la fit frissonner de peur. Où pouvait bien être passée son libre arbitre ?! Où était-il le temps où elle faisait ce qu'elle voulait sans se soucier des autres... ?! Le passé lui revenait par séquences... C'était flou, amer et souvent violent. Eya se mit à trembler de tout son être et secoua vivement la tête pour reprendre sa fuite de son vécu et de sa situation présente.

Afin de ne pas s'attarder sur cette histoire de tremblements et autres fantômes du passé, la jeune femme se tourna vers celui qu'elle allait sûrement devoir nommer "Maître" et le toisa un instant sans dire un mot. Les bras croiser sous sa poitrine et le regard brillant de fierté bien placé, elle inspira lentement et s'adressa d'une voix douce et ironique à son interlocuteur.

"Parlons peu... Comment vais-je devoir appeler mon nouveau geôlier ici présent ?!"

Alors qu'il s'assurait de la propreté des serviettes humides avec lesquelles il allait s'assurer que son esclave ne meurt pas du fait d'une infection dû aux mauvais traitements qu'elle avait reçu pendant son emprisonnement, le vampire observait celle-ci du coin de l'oeil. Son inspection était discrète pour ne pas la choquer. Il ne voulait pas l'énerver outre mesure quand même. Il avait senti chacune des hésitations, hauts-le coeur et refus qui l'avaient parcourus au moment où ils avaient traversés ensemble le marché des esclaves. Il comprenait sans mal que l'équilibre qui semblait si fort au départ, n'était aussi ténu qu'un fil dans la réalité. Sa défiance était bon signe et il ne voulait pas réprimer celle-ci car la seule chose qu'il désirait pour l'instant chez elle, c'était sa faculté à s'opposer à ce qu'il disait et d'y opposer une résistance valable et inspiré par l'intuition d'une vrai liberté de pensée. Cette solitude, qu'il apercevait dans ce regard profondément défiant, était la vraie solitude d'une personne qui avait été brisé beaucoup trop souvent dans sa courte vie, quelque chose qui s'était ancré lentement mais solidement dans les tréfonds de son âme et qui avait donné quelqu'un qui se sentait seul, même parmi une multitude de gens superficiellement semblable à elle. Quelque chose qu'il devait se forcer d'arracher de la belle jeune femme. Ce constat pourrait sembler altruiste, presque aimant même! Cependant, cette altruisme de surface n'est que le déguisement de l'objectif égoïste que Vanael nourrissait de se servir de son esclave pour des fins de discussion et peut-être même de changement chez lui. Chacun de ses gestes étaient donc dirigés à l'objectif de rétablir l'esprit fort d'Eya, pour qu'elle soit peut-être apte à le remplir de nouveaux sentiments. Cette méthode froide et insensible devait absolument resté secrète de l'intéressé puisque sa connaissance pourrait détruire le but final, ce pourquoi le vampire jouait désormais avec talent chacune des émotions qu'il avait réussi à imiter à la manière d'un singe.

S'approchant tranquillement d'elle alors qu'elle se tournait, il observa la corsage déchiré tomber sur le sol et se fit une note mentale qu'il devait acheter des nouveaux vêtements pour son esclave. Observant le dos albâtre de son esclave, il nota les anciennes blessures mal cicatrisé en même temps que la grande plaie récente dû au fouet. Il fit glisser ses longs doigts squelettiques au toucher froid sur son dos, tracant le contour des blessures avec fascination. Elle avait la trace de coups beaucoup plus ancienne et ce n'était pas le genre de blessures que les esclaves recevaient. Ceux là semblait remonter à plus loin. Dans sa vie avant l'île peut-être? Il nota également cela dans sa tête et se dit qu'il lui mentionnerait plus tard. Il se mit alors à l'oeuvre, nettoyant lentement la blessure avec précision, faisant fi des nombreux jurons et bêtises qui sortait de la bouche d'Eya. Quand il eut terminé, il se rendit compte que sa main tremblait au même rythme que les frissons qui parcouraient le corps de son esclave. Si dans son cas, le tremblement était relié à la soif qui aurait fait succomber n'importe quel autre vampire dans l'euphorie de voir du sang de si près, les frissons de l'humaine étaient forcément causés par autre chose, quelque chose qu'il se jura de découvrir, encore plus tard malgré tout. Il recula légèrement et il déclara doucement, d'une voix basse.

-Je ne réfute en aucun cas, la pourriture que tu mentionnes si allègrement. Et je ne recherche pas la sympathie.

Il s'accota au mur derrière lui, contemplant son esclave. Alors qu'il aurait cru que la pudeur l'aurait forcée à demeurer de dos, Eya se retourna et le dévisagea, exposant ses atours sans, apparemment, la moindre gêne. Vanael, malgré sa surprise, ne se refusa pas à l'observer ,sans la pudeur qui aurait été caractéristique des jeunes de l'âge de sa prisonnière, mais aucune des lueurs lubriques ou sadiques des autres démons et vampires n'alluma son regard. Il ne faisait que détailler ce qui lui appartenait, puisque de toute façon, il faudrait qu'il lui achète du linge plus tard. Elle lui posa la question la plus improbable qu'il aurait pu imaginer. Comment devait-elle l'appeler? Qui penserait à cela quand elle était torse nue devant lui? Il ne lui refusa cependant pas la réponse, déclarant d'une voix égale

-Considérant que tu ne t'adresses pas à moi avec respect, je ne vois pas pourquoi je t'empêcherai de m'appeler par mon nom. Je me nomme Vanael. Tu peux m'appeler ainsi, ou alors le traditionnel Maître ou Monsieur. Ça te va?

Il y a des moments où vous avez beau hurler de toutes vos forces, rien ne se passe. Vous êtes alors de cette étrange sensation que personne ne vous entends et/où ne vous voit. Vous vous sentez terriblement seul(e) et d’une grande inutilité ! Les premiers temps, vous allez vous battre de toutes vos forces pour essayer "d’exister" aux yeux de ces ombres qui vous entourent; parce qu’après tout, nous ne vivons qu’au travers du regard d’Autrui. Dans ces cas là trois solutions s’offrent à vous :
Premièrement, vos efforts payent et on finit par vous remarquer. On va vous traiter comme une petite chose fragile avant de vous apprécier à votre juste valeur.

Deuxièmement, vos efforts payent et, là aussi, on remarque enfin que vous existez. On va vous voir comme la bête noire du troupeau, vous serez celui (celle) qui arrive comme un cheveu sur la soupe et qui fait terriblement intrus.

Troisièmement, vos efforts sont vains et, à votre grand Damne, vous vous cessez tous efforts. On ne vous oublie pas, on ne vous pleure pas, on ne vous remarque pas... Vous vous laissez alors couler.

En réalité, ce sont les trois options les plus connus et on souhaite souvent à quiconque de pouvoir tomber sur la première qui, il faut l’avouer, reste la plus agréable. Ce que beaucoup de personnes ignorent c’est qu’il existe une dernière solution : Vous avez-vous-même décidé d’être oublié(e), effacé(e) de la surface du globe et dans ce cas là, vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-même... Personne ne sait vraiment dans laquelle des catégories, Eya a été barricadé mais certains opteraient pour la deuxième pour avoir eu vent de certaines choses. En réalité tout le monde savait mais personne ne disait rien, la loi du Silence était plus forte que tout le reste. On laisse faire et on ferme les yeux en se disant que ce ne sont que des rumeurs, ça donne meilleures consciences.

Quoi qu’il en soit la jeune femme se retrouvait maintenant dans une tout autre situation. C’était presque déconcentrant pour elle, et il lui a fallut bien du temps pour assimiler les choses. Après avoir été esclave d’une famille méprisante, après avoir eu la chance de goûter à une once de liberté, elle se retrouvait ici-bas... Prisonnière d’une île qui lui semblait malsaine, entourée des créatures étranges et réduite au statut de simple esclave. La chose qui la réconfortait un minimum c’était de savoir qu’ici au moins, on ne cherchait à lui mentir vis-à-vis de sa condition !

Depuis peu elle se retrouvait à la merci d’un parfait inconnu ! La transaction avait été brève et simple, quelques billets glisser dans la main du vendeur et voilà qui était fait. Eya ne faisait parti du marché des esclaves, elle était prisonnière de quelqu’un d’autre... D’un être dont elle ignorait tout de A à Z ! La situation aurait pu en effrayer plus d’une mais la petite rouquine était accoutumée aux circonstances inhabituelles. Dès qu’elle arrivait en quitter une, elle mettait les pieds dans une nouvelle situation cocasse.

A cet instant précis, elle se retrouvait fermée dans une salle d’eau avec celui qui devait son "Maître" pour faire soigner une énième plaie. Après avoir retiré ce était censée ressembler à un corset, elle attendit patiemment et n’avait même pas réalisé que les stigmates qui se trouvaient sur son corps allaient être à la vue et sue du vampire ! Elle réalisa la situation en sentant les doigts de celui contourner les dites marques... L’humaine n’appréciait pas cette situation et aurait tout donné pour fuir au loin. Elle se consola malgré tout en se disant que les cicatrices finiraient par s’estomper avec le temps... Après les derniers coups qu’Il lui avait infligés ne dataient pas de très longtemps.

Lorsqu’elle réalisa qu’il avait finit de soigner sa plaie, elle fit volte-face pour lui poser une question... Une seule et unique question ! Oui, la pudeur n’était pas dans son vocabulaire et encore dans son état d’esprit... Lorsqu’on travaille en tant que strip-teaseuse pendant un certain temps, on finit par ne plus ressentir aucuns embarras à exhiber son corps dénudé devant des inconnus. Elle voulait juste qu’il répondre, l’humaine avait besoin d’une chose maintenant : De mettre les règles du jeu à plat ! Parce que oui, elle voyait sa situation comme un jeu... Ca rendait la chose moins tragique et le poids à porter lui semblait plus léger.

Peu satisfaite par la réponse, Eya ne répondit pas et hocha la tête histoire de faire comprendre qu’elle l’avait écouté. La jeune femme ne savait plus où elle était, qui elle était et encore moins ce qu’elle allait devenir... C’était flou, terriblement flou et froid ! L’avenir lui faisait soudainement très peur, cette peur qui l’avait aidé à taire les Démons qui s’accordent avec son passé. Pendant un court instant de lucidité, elle saisit son bustier et se rhabilla avec quelques difficultés. La plaie était fraiche et le frottement du tissu contre celle-ci l’avait légèrement faite grimacer ! Ses mains passèrent lentement dans son dos et elle tenta tant bien que mal de resserrer les laçages du corsage. Son regard se dirigea vers Vanael et l’observa un long moment sans dire un mot, un sourire presque invisible cousu sur ses lèvres.

"Soyons sérieux un court instant... Dans toute cette folie, dans le Dédale que m’offre cette île, j’ai été acheté par vous. Après des semaines d’attentes... Pourquoi ?! Pourquoi m’avoir acheté ?!"

N’arrivant pas à refaire le laçage, elle poussa un soupire et déclara forfait. La jeune femme croisa les bras afin de maintenir le vêtement en place et continua d’observer son interlocuteur ! Elle se tenait droite et fière, elle n’avait toujours pas cillé et contait bien lui faire comprendre qu’elle ne céderait pas facilement... Après quelques secondes, son regard finit par s’assombrir et ses traits devinèrent plus stricts.

"C’est quoi l’idée en réalité ?! Je suis là pourquoi moi maintenant ?! Vous m’avez acheté c’est chouette pour vous. Mais concrètement, qu’est-ce que je vais devoir faire pour vous ?! Dans quel merdier est-ce qu’on m’a encore mise ?!"

Sa voix était étonnamment posée et réfléchie... Pas une once de mépris, pas une vague d’ironie : rien ! Eya n’avait plus envie de jouet les petites effrontées, elle avait besoin de savoir où elle mettait les pieds, et ce n’était pas un sujet avec lequel elle avait envie de rire.

La nature de la société humaine n'est pas une nature emplie de sens moral. En effet, cette création artificielle d'une meute aux proportions gargantuesques n'est pas appuyée par, et sur, les principes moraux qui nous semblent relever de l'évidence. La sociabilité naturelle de l'humain, son aptitude à vouloir faire le bien inconsciemment, toutes ces raisons de la création de la cité politique par l'homme, sont nulles et non avenues. La seule véritable cause de chaque chose humaine, comme la politique, la société, la morale et l'éthique, est en fait la Peur. À chaque instant de sa vie, aussi brève qu'elle peut l'être, l'être humain craint tout ce qui bouge et tout ce qui est immobile autour de lui et loin de lui. Il vit dans une perpétuelle paranoïa ambiante, qu'elle soit consciente ou non. Quand la bête humaine agit dans des critères de moralités, c'est tout simplement parce qu'elle a peur du jugement que les autres porteront inévitablement sur elle. Quand l'homme se pliera aux lois de sa société, c'est parce qu'il aura peur des conséquences et des punitions liés à son acte, eux-même créées de toutes pièces pour se protéger d'un comportement qui se compose en les observant.

C'était l'observation qu'avait fait Vanael quand il avait fini ses recherches sur le genre humain, il y avait un siècle. Il avait détesté cette race faible et sans avenir, qui n'avait jamais rien fait d'autres que de s'entretuer et qui ne servait qu'à une chose, fournir du sang en quantité innombrable et en qualité déplorable pour des vampires de basse gamme qui s'y abaissaient. Certes, même les plus puissants vampires, comme Lelouch vi Britannia, s'en nourrissaient parfois, mais cela ne rendait pas la pratique appréciable. Le vampire originel n'était pas une créature parfaite après tout. Alors pourquoi après tant d'années de dégoût profond, d'indifférence marquée pour la race des Hommes, le vieux vampire antipathique avait-il acheté cette jeune esclave humaine sans avoir envie de la disséquer? La même question lui trottait encore dans la tête et il avait l'impression qu'elle n'allait pas tarder à franchir les lèvres de sa jeune captive. Sa nudité ne le gênait guère mais il n'avait pas envie que la prochain profiteur qui pénétrerait cette douche pour se payer une petite gâterie avec une tête vide, achetée dans les instants précédents leur entrée dans les douches, ne soit témoin de ce qu'il considérait désormais comme à lui et à lui seul. Il se retint cependant de faire une remarque à la jeune femme pour ne pas qu'elle croit qu'il était gêné ou bien intéressé par son corps d'humaine. Le buveur de sang n'avait pas l'envie de s'abaisser à ce genre de caprice sur l'esclave qui aurait sans doute une place particulière dans sa collection d'esclaves.

Eya sembla se rendre compte de son état indécent et fit mine de se rhabiller. Observateur comme était Vanael, il ne put s'empêcher de remarquer chaque grimace refoulée qui était signe de douleur chez la jeune femme. Elle tenta tant bien que mal de rattacher le corsage et abandonna finalement, le retenant avec ses mains et ses bras. Il eut une petite grimace désappointée. Il se dirigea très vite sur elle, disparaissant probablement de sa vue d'humaine et attacha lui-même le corsage et reprit sa place devant elle.

-Voilà qui est mieux.

Il aperçut son regard devenir plus sérieux et elle lui demanda finalement ce pourquoi il l'avait acheté. Comme il avait deviné, cette phrase avait franchi les lèvres de la belle poupée désarticulée qui était désormais son esclave. Elle voulait savoir ce qu'il attendait d'elle... et son ton semblait avoir laissé tomber le rôle de petite rebelle capricieuse. Il hocha la tête imperceptiblement, satisfait de ce changement. Prenant la parole, il lui expliqua en long et en large.

-Je ne crois pas que l'on puisse qualifier ta situation de « merdier », comparé à celle des autres esclaves féminins dans ton genre. Si tu avais été acheté par quelqu'un comme Lelouch ou bien Shin, tu aurais tout simplement servie de jouet sexuel pour leur amusement. Heureusement, ou malheureusement dépendamment de ton point de vue, tu as été acheté par moi. Je te mets simplement au travail dans ma maison, où tu serviras de servante, où tu seras logée, nourrie et vêtue dans un niveau de vie plus qu'enviable. En contrepartie, je te demande de m'accorder une heure ou deux de ta journée à des fins de discussions. Tu vois, j'ai utilisé le mot demande, puisque je ne te l'ordonne pas. Mais ça serait très apprécié que tu te plies à cette demande, ma foi très raisonnable, tu ne trouves pas?

Son visage n'avait pas changé d'expression depuis le début du monologue malgré que sa voix avait pris des intonations différentes. Ça devait être très étrange pour la jeune femme, mais que lui importait les critères de normalité de la race humaine?

Rares sont les humains qui peuvent se venter d'avancer à l'aveuglette. Ils ont tous un besoin maladif de savoir où est-ce qu'ils mettent les pieds, de quoi pourrait être fait leur avenir ! Ils sont à la recherche du plus petit renseignement et s'y accrochent à la moindre misérable bonne nouvelle qu'ils entendent pour en faire un cocon rassurant et protecteur. Eya a beau avoir un mauvais caractère, elle est comme tous autres et a donc besoin de savoir de quoi est fait son avenir. L'incertitude est quelque chose qui peut facilement la faire douter et dans certains cas l'effrayer ! La question qu'elle avait posée n'était pas sans intérêt à ses yeux et elle attendait une réponse concrète. De toute façon si ce qu'elle entendrait lui déplaisait, elle le lui ferait bien comprendre... Quittes à en subir les conséquences !

La jeune femme, qui essayait encore de maintenir son corsage en place, réalisa que celui-ci semblait avoir été resserré... Elle décroisa les bras en remarquant que oui, son pauvre vêtement déchiré était resserré. C’est en entendant une petite remarque de la part de son Maître qu’elle réalisa que c’était ce dernier qui avait pris le soin de refaire le laçage ! Légèrement stupéfaite par une telle action, elle resta terriblement silencieuse ne sachant pas si elle devait prendre ce geste pour une action gratuite ou bien pour une façon d’obtenir sa sympathie. Malgré tout, la rouquine avait trouvé le geste attentionné et, sans pour autant afficher le moindre sourire, laissa échapper un faible « Merci » !

Pendant un bref instant son regard balaya une nouvelle fois les lieux... Alors c’était ça qu’on appelait les "Douches des esclaves" ! Les dites douches n’étaient pas reluisantes et reflétaient plutôt bien la façon dont on traitait les esclaves… Ici et là, on pouvait voir des traces de sang séchés qui devaient dater de plus ou moins quelques temps. L’humaine sortie de son observation en attendant une nouvelle fois, la voix de son Maître. Elle posa son regard noir sur ce dernier et l’écouta sans dire un seul mot, sans même le couper. La jeune femme était déconcertée par ses changements d’élocutions qui n’avaient rien avoir avec l’expression qu’affichait Vanael... Malgré tout, elle s’efforça de rester le plus impassible possible et prenait le soin d’enregistrer chaque mot, chaque intonation de voix ! Etait-elle satisfaite des paroles qui venaient d’être prononcées ?! Ca reste à voir... Eya est mystérieuse sur bien des points.

C’est terminé, on ne joue plus ! Les règles ont désormais été énoncées ! Les rôles sont parfaitement dictés... Reste à savoir si l’humaine allait respecter les dites règles et si son implication lui convenait. Réprimande une violente envie d’éclater de rire, le visage de cette dernière s’illumina soudainement et un immense sourire s’afficha sur son regard... Lorsqu’on la connaissait bien, on se doutait que ce n’était pas son genre de réagir de la sorte. Quoi qu’il en soit, elle gardait cette même expression niaise et se décida à réagir en prenant une voix mielleuse et faussement enjouée et s’amusant à faire les yeux doux :

"Hihihi !! Comme c’est gentil de votre part de vous vouloir m’épargner la souffrance d’être une esclave sexuelle ! Je vous serais éternellement reconnaissante et je remplirais mon rôle de servante comme il se doit !! Mais attention, n’abusez pas non plus ma patience peut avoir des limites ! Hihihi !!"

Après ces quelques mots totalement niais, le sourire et l’air si enjoué d’Eya se dissipèrent en une fraction de seconde. Elle reprit son air si sérieux d’il y avait quelques minutes, croisa les bras et planta son regard dans celui de son Maître avec cette même fierté dans le regard. Elle était très douée pour jouer la comédie, encore plus lorsqu’elle voulait rendre les situations totalement ridicules. Restant toujours aussi impassible, l’humaine s’approcha de son Maître et s’arrêta à une dizaine de centimètre de ce dernier pour lui offrir un merveilleux sourire narquois.

"J’ose espérer que ce n’était pas la réaction attendue ! Pour ma part, je ne marche pas dans cette combine, ni dans aucunes autres en réalité ! J’ai beau être esclave, j’ai encore ma fierté et il n’est pas question que je joue les mignonnes petites soubrettes pour vous ! Je ne vous appartiens pas, pas plus que je ne lui appartenais !"

Eya ne décrocha pas son regard, elle ne cilla même pas. Elle était impassible et toujours aussi fière ! De toute façon, elle savait que maintenant les choses sérieuses commençaient... Plus aucuns moyens de fuir, l’humaine était arrivée à un point de non-retour. Elle le savait et d’une certaine façon, ça l’angoissait...

Observant les réactions de la jeune femme, il fut légèrement surpris de l'entendre dire d'une voix criarde et nasillarde, un tas de propos niais qui n'avaient aucun sens pour une jeune femme comme elle. Il comprit sans problème qu'elle se moquait de ce qu'il lui avait proposé, enfermé dans la conception qu'il était le Mal incarné puisqu'il l'avait acheté. Cette immersion dans sa méfiance perpétuelle ne pouvait la mener qu'à rien. Cependant, il pouvait comprendre la réaction du personnage qu'était cette jeune poupée désarticulée. Le vampire avait été capable de reconstruire sommairement le personnage d'après son caractère et ces interventions vocales. Elle avait vécu sous le joug d'un parent dominant et la moindre mention de soumission la mettait mal à l'aise. La seule démonstration d'obéissance la répugnait. Le terme possession associé à sa personne la choquait profondément. Quand elle lui exposa ses vraies pensées, il vit sans peine qu'il avait bien déduit la personnalité de celle-ci qui serait désormais son esclave favorite. Sa proximité démontrait qu'elle n'avait pas peur de lui, et elle avait probablement des raisons de ne pas le craindre pour le moment. Après tout, elle n'avait vu que la facette civile de son aspect. Il espérait d'ailleurs qu'elle n'aurait jamais à voir la partie de lui qui se vautrait dans le sang des autres et qui n'était que la Mort incarnée. La dernière phrase la trahit encore une fois. Elle mentionnait encore un mâle humain qui avait agi comme son tortionnaire dans le monde des hommes. C'était encore et toujours lui, la réponse à toute cette haine, à toute cette révolte.

Il avait compris dès la première minute de leur rencontre qu'il n'arriverait jamais à la persuader qu'il était le Bien dans toute cette histoire. Elle était trop brisée et trop méfiante à l'intérieur. Son regard se fixa alors dans celui de son esclave. À la différence des yeux dans lequel on pouvait voir son reflet, les yeux de Vanael absorbait toute la lumière de la pièce et un noir terne colorait ses iris. On aurait pu croire que ses yeux étaient capable d'avaler les âmes, ce qui était bien évidemment faux, mais le vampire ne se gênait pas pour se servir de l'effet intimidant que créait ses deux appendices visuels. Sans un mot, il se rapprocha de la belle rouquine, réduisant la distance entre eux à moins d'un centimètre, les seins de la jeune femme le frôlant sans le toucher, tandis que le vieux vampire dominait Eya de sa haute taille. Il se décida alors à lui révéler une partie mineure de son plan, pour peut-être la mettre légèrement en confiance face à lui. Il n'avait après tout guère envie de lui mettre un collier au cou pour l'empêcher de se sauver tout le temps. Gardant son regard dans le sien, leur deux visages séparés par une distance ridiculement basse, il déclara d'une voix monocorde.

-Cette fierté...je veux que tu la gardes. C'est la seule véritable raison de pourquoi je t'ai acquis. Je te garde comme...« esclave »...parce que tu ne peux être rien d'autre sur cette île. Tu restes chez moi parce que chaque rue, chaque ruelle, chaque parc, est rempli de monstres, tous plus horrible les uns que les autres. Donc, tu restes chez un monstre encore pire qu'eux, dans le but de te protéger. Je ne cherche pas approbation de ta part, ni reconnaissance. Cependant, si tu m'y forces, en désobéissant à des consignes qui sont là pour ta sécurité, j'emploierai la manière forte.

Son regard fixé sur elle, ses lèvres et son nez à moins d'un centimètre de celui de son esclave, son haleine irréprochable et froide comme la mort glissait sur le visage de la rouquine. Il savait que chez lui, des vêtements à sa taille pourraient l'habiller. Il attendit donc patiememnt, la réponse qu'il devinait être inattendue.

Aucun être humain ne peut se venter de n’avoir jamais jugé, critiqué, humilié l’un de ses semblables. Aucun ne s’est jamais montré totalement objectif et une grande partie tremble d’effrois lorsque l’un de leurs semblables sort des normes imposées par la société. La plus d’entre eux sont formatés, aseptisés, contrôlés par la Société et ses désires en oubliant même leurs propres personnalités, leurs propres désirs, leurs propres rêves. Tous vivent dans une crainte commune et tous s’émerveillent devant les mêmes choses avec une lubie frisant le fanatisme. Craintes, passions, colères sont -la plus part du temps- instaurée par une belle propagande télévisuelle.

Alors pour lorsque l’on veut éviter jugements et sarcasmes, lorsque l’on fait son possible pour ne pas se noyer dans cet amas édulcoré, on doit apprendre à mentir aux autres et se mentir à soi-même avant toute chose. Dans ce cas là, on accroche un masque à son visage et à ses pensées... Il est là pour rassurer, pour adoucir ces manières qui vont de vous quelqu’un de "différents" et les autres –ceux qui sont dans la norme- n’y voient que feu.

Avant de se retrouver prisonnière de l’île, Eya avait plusieurs masques en stock. A chaque circonstance était rattachée un masque, un faux semblant, une attitude montée de toute pièce. L’exemple le plus flagrant doit être quand elle quittait pour ses études, à peine mettait-elle le pied dehors qu’un immense sourire lumineux se retrouvait cousu sur son visage et son caractère se modelait en quelque chose de mielleux et de niais. Il fallait enfouir au fond d’elle-même les méandres de ses larmes et les traces empruntes de sang des coups reçu la vieille, personne ne s’est donc jamais douté de rien. Simplement parce que c’était plus facile de cette façon ! Parce que se demander si quelque chose n’allait pas signifier prêter de l’attention à sa personne, parce que ses poser de réelles questions sur les bleus, les marques sur son corps signifier qu’il fallait accepter l’idée qu’elle -que l’on côtoie depuis si longtemps- est pue être élevée par quelqu’un "de hors-normes" ! Ça faisait peur comme pensées alors on garde cette image trop lissage de l’adolescente souriante et dont on se moque lorsqu’elle se tremble à la vue de son beau-père.

Oui, Eya était passée reine dans l’Art de manipuler son univers, de la mise en scène et a dupé son monde pendant des années. Imaginez la stupéfaction de son entourage lorsqu’ils apprirent qu’elle avait tenté de mettre à ses jours, tous prononcèrent les mêmes phrases avec le même dédain : « La pauvre enfant... Elle qui semble si heureuse quand on la voit. Qui aurait cru qu’elle était aussi pitoyablement mal dans sa peau ? » La seule qui ne s’étonna pas d’un tel geste reste sûrement sa génitrice qui, pourtant, ne cherche pas à réagir à ce qui était un appel au secours.

Lorsque l’on décide de porter des masques pour avoir le cran d ‘affronter la réalité, on finit par ne plus savoir vivre sans... Lors de son arrivée sur l’île, Eya s’est retrouvée démunie, seule et apeurée tant par l’endroit que la cette situation. Ses masques, ses habitudes montées de toute pièce ne convenaient pas à ce nouveau contexte et s’étaient tous brisés lorsqu’elle comprit ce qu’il allait devenir de sa personne. Heureusement –si on peut le voir sous cet angle-, son séjour sur le marché des esclaves a duré assez longtemps pour qu’Eya puisse construire un nouveau masque ! Mauvais caractère, impulsive, provocatrice, capricieuse à souhait, elle tapait sur le système des acheteurs potentiels et prenait un malin plaisir à faire tout son possible pour ne pas être achetée.

Le problème lorsque l’on décide de porter un masque de façon aussi permanent, c’est qu’il finit par se fondre avec votre visage. L’humaine ne savait plus trop qui elle était depuis sa venue ici et elle voulait prendre le temps de souffler un peu, elle n’arrivait même plus à se sortir de cette mise en scène qu’elle avait elle-même conçue ! A force de volonté et de coups aussi, le masque a finit par s’effriter et semble fissurer par endroit laissant des brides de sa personnalité reprendre le dessus. Sa fierté d’être humaine, cette fuite de son passé et sa curiosité parfois mal placée commençaient à avoir raison de ce faux semblant.

Pourtant là où elle se prit une véritable gifle en plein visage c’est lorsqu’elle devenait confronter cet inconnu, ce Vanael qui semblait bien décidé à mener ce que la jeune femme avait décidé de qualifier de "jeu" pour adoucir un peu la situation. Alors elle lui tenait tête tant bien que mal, quittes à passer pour une enfant gâtée et totalement effrontée. Qu’avait-elle à y perdre après tout ?! Mais jouer de la sorte peut être dangereux et, de toute façon, on ne peut pas éternellement jouer la comédie... Eya, qui continuait tant bien que mal à scruter son maître sans ciller, allait déchanter d’ici peu.

Le voyant s’approcher d’elle, la jeune femme inspira lentement effrayée par ses yeux. Ce n’est qu’une fois qu’il fut proche d’elle, elle détourna le regard faisant glisser ses yeux vers le fond de la pièce ! Gardant les bras croisés, elle inspirait lentement en continuant à regarder le mur de la pièce alors qu’elle écoutait attentivement chaque parole prononcée. Lorsqu’il eut terminé, Eya resta étonnement silencieuse et pinça les lèvres pour être sûre de ne prononcer aucunes paroles.

L’impassibilité et la fierté étaient toujours présentes sur son visage qui continuait de fuir celui de Vanael. Elle ferma un instant les yeux secouant faiblement la tête en réfléchissant sur tout et rien ! Bien qu’elle ne veuille pas le montrer, la jeune femme était fortement impressionnée... La froideur du souffle de son Maître et cette façon si uniforme de s’adresser à elle l’intimidaient au plus haut point. Mais la simple idée de devoir se soumettre aux requêtes de quelqu’un qui venait de l’acheter la révulsait et l’aidait à enfouir quelque part au fond d’elle cette intimidation.

Après quelques minutes sans rien un mot, Eya releva lentement ses paupières et fit glisser son regard vers son interlocuteur. Elle hésita un instant à lui répondre et se mordit la lèvre en continuant de l’observer... Une inspiration plus tard, ses bras se décroisèrent doucement et ses mains allèrent se poser sur ses hanches tandis que son regard brillant par la provocation, elle se décida à lui répondre d’une voix étrange douce :

"Je ne tiens pas à rester enfermée quelques parts... Je ne suis pas un jouet que l’on enferme dans un coffre en bois et que l’on vient voir lorsque l’on en a envie ! Et puis de toute façon les coups... Je sais les encaisser, j’ai l’habitude."

Réalisant qu’elle en avait peut-être un peu trop dit, la jeune italienne se tût une nouvelle fois se mordant discrètement mais fermement la lèvre pour mieux canaliser ses émotions. Elle attendait patiemment une réaction, n’importe quoi tant qu’il y avait une réaction ! Elle finit par hausser un sourcil lorsqu’un amer goût de fer chatouilla ses sens, elle déglutit difficilement sentant comme un arrière de goût de sang. Eya entrouvrit les lèvres et porta l’une de ses mains dessus avant de jeter un œil dessus... Oui, elle saignait tant elle avait mordu sa lèvre avec fermeté en comprenant qu’elle avait parlé trop vite.

La créature qu'était Vanael était une créature solitaire à la base. Après tout, pourquoi rechercher la compagnie de quelqu'un ou l'admiration de plusieurs quand on ne ressentait aucun désir d'amitié, aucun désir de reconnaissance et aucun désir d'être aimé? C'était dans cette optique que le vampire avait passé toute sa vie, ne cherchant jamais à établir des vrais liens. Tous les liens qu'il pouvait sembler avoir n'étaient que des liens factices, des mensonges sociaux qu'il se forçait à entretenir de façon très détachée. Pour lui, chacune des discussions qu'il avait était autant d'apprentissages qu'il pouvait faire face à la façon de se comporter quand on avait des émotions. Mais jamais jusqu'à présent, ce genre d'émotions ne l'avaient même effleurées. La seule chose qui le touchait, c'était son incompréhension et la pression que ces sensations lui donnaient en disparaissant lentement. Cet état de fait le faisait considérer chaque chose possible pour endiguer le problème et toutes ses capacités mentales étaient canaliser dans cette tâche. Pour l'instant, la solution qu'il avait trouvé comme la meilleure, c'était l'achat d'Eya et jusqu'à présent, il n'était guère déçu. Elle était forte et pleine de vigueur, très intelligente et elle cachait quelque chose au regard de tous. Elle avait vraiment tout pour plaire au vampire, qui avait parmi ses passe-temps préférés, le désir de mettre une réponse sur tout. Il découvrirait son secret et ne dévierait jamais d'objectifs car cacher quelque chose à son regard ne durait jamais bien longtemps.

Il voyait que sa présence faisait lentement son effet sur la jeune femme. Elle, qui semblait si pugnace et si intrépide tout à l'heure, ne cherchait plus qu'à éviter son regard désormais. Elle l'évitait comme s'il portait la peste dans ses yeux et que le moindre croisement de ceux-ci pouvait causer la mort. Elle n'était pas tout fait erronée dans son raisonnement malgré tout. Il était dangereux de ne pas le prendre au sérieux, même s'il avait l'air simple comme personne. Son aspect humain lui faisait très bien cacher son identité vampirique mais ses yeux renvoyaient chacune des peurs de ceux qui croisaient son regard. Il était déçu de l'humaine cependant. Il l'avait cru assez forte pour affronter ses propres peurs. Et pourtant, elle détournait la tête comme tous les autres. Il allait se détourner d'elle également quand il la vit se mettre à le regarder du coin de l'oeil et poser ses mains sur ses hanches dans un geste de défi. Il eut un sourire en coin, et il se remit à la regarder. Son regard brillait de provocation et Vanael ne pouvait pas demander mieux, la trouvant tellement plus intéressante quand elle s'opposait un peu à lui. Elle lui fit donc part de ses doléances, ne voulant pas être un jouet pour ses moindres caprices. Elle fit ensuite référence à son habitude avec les coups et c'est là que le vampire attira son attention. Elle savait encaisser les coups par habitude? Sa théorie du père abuseur commençait à se concrétiser de plus en plus et ça l'amusait beaucoup, au sens figuratif du terme, bien évidemment. Il aimait beaucoup avoir raison sur une chose.

C'est à ce moment qu'il sentit quelque chose de différent que son odeur. Il sentait quelque chose d'éminemment goûteux. C'est alors qu'il aperçut la goutte de sang qui perlait sur le coin des lèvres de son esclave. Il posa sa main derrière la tête de la belle rouquine et l'attira vers lui, ses lèvres venant cueillir le coin de celles de l'esclave. Il goûta son sang et étancha immédiatement la blessure, d'où le sang ne sortit plus, puisque c'était une petite blessure. Il se recula rapidement, ne lui laissant pas le temps de le repousser, toujours en état de choc probablement. Il lui dit alors, peu fier de son impulsion, ses crocs apparaissant alors dans la lumière tamisé des douches des esclaves. L'endroit lugubre avec du sang partout semblait encore plus convenir au thème, Vanael révélant être un vampire. Il ne reparla pas du tout de l'action qu'il venait à peine d'accomplir, ni même du goût délicieux de son sang, malgré ses ascendances humaines.

- J'avais donc raison de penser ça. Tu ne veux pas obéir car cela te rappelle trop de souvenirs que tu désirerais oublier. Soit, tu ne seras pas enfermée. Mais tu demeureras chez moi, et tu devras répondre à moi seulement.