Assise au fond de ma cage je somnolais. Les yeux mi-clos je ne prêtais pas attention aux personnes qui passaient devant moi. Depuis combien de temps j’étais dans cet endroit infame.. Une semaine, un mois, plus ? Je soupirais doucement et ouvris les yeux pour regardais les visages des passants. Je me levais lentement, les jambes engourdis. Je fis un instant les cent pas dans cette fichue cage. J’en avais marre… Je frappais du plat de la main contre les barreaux et lâchais un grognement de douleur. Je voulais sortir, marcher à l’air libre et… prendre une douche. J’empestais ! Je soupirais, j’étais lasse. Lasse de moi-même surtout, je n’arrivais toujours pas à croire que je pouvais me retrouver dans un endroit pareil, mes souvenirs étaient flous et j’étais terrifiée. Je n’avais jamais été énervée de ma vie ou presque, mais faire sortir de la colère était pour moi un moyen de défense, mais je sentais cette colère ridicule et bien fébrile. Enfin bref je ne vais pas commencer à songer à mon passé c’est encore plus douloureux. J’entendais les autres esclaves, hommes, femmes, hybrides, personne n’était épargnés et tous murmuraient les pires horreurs à propos des maitres que nous allions avoir. Et pire encore, les menaces de nos marchands : « montrez vous désirables, ou vous irez rejoindre les esclaves à sang !» … Des esclaves vendus aux vampires pour d’uniques besoins alimentaires… Je ne dormais plus. Je soupirais, me retenant d’hurler à l’aide. Je voulais voire le ciel, sentir le vent et… me laver. J’avais envie de boire et manger aussi… Combien de temps allais-je rester ici encore ? J’étais au bord des larmes. En étais-je moins désirables ? Beaucoup de personnes passaient devant ma cage, elles demandaient parfois à me voir, et le marchand ouvrait la cage pendant d’interminables minutes, secondes… Certains ne voulaient même pas acheter, juste… tâter. Et toujours, toujours, le marchand vérifiait ma tenue avant la présentation : une robe blanche si fine que la moindre goutte de sueur la rendait transparente, elle avait un grand dos nu qui glissait jusqu’à la lisière de mes reins, et il me bandait immanquablement les yeux... Si vous saviez comme je redoutais ces séances.

Une fois encore elle était mise en avant avec les autres ‘marchandises’, soumise aux regards de tous et dans la crainte de tomber sous le joug d’une poigne brutale, ou pire encore. Les yeux bandés, Val ne pouvait que se concentrer sur les sons qui lui parvenaient ou penser. Elle aurait dut en profiter pour se faire à l’idée de sa nouvelle condition, pour trouver le bonheur dans cette nouvelle vie, mais elle n’avait d’autre intérêt que sa propre survie, ce qui était bien normal car elle la croyait en jeu. Ses pensées en étaient si sombres qu’elle préférait ne penser à rien autant que possible, elle attendait. Sans le savoir elle vivait là sa première initiation d’esclave, car à n’en pas douter elle aurait grand besoin de patience pour servir son maitre ou sa maitresse ? Une voix féminine avait attiré son attention, elle se redressa, curieuse, en alerte… Elle n’avait pas saisit le sens des mots mais elle ne l’avait jamais entendue ici. Mais tout à coup elle reconnu un son qu’elle ne connaissait que trop bien, le pas du marchand et la porte de sa cage qui s’ouvrait. Val’ eut le premier réflexe de reculer sans oser protester, mais il lui saisit le poignet avec vigeure, et elle savait combien ça pouvait être douloureux de lui résister. La pauvre jeune fille respirait en halettant les poings crispés, sa poitrine se soulevait rapidement et elle était raide, droite comme un i. Elle avait des images d’horreurs, le souvenirs des pires séances d’attouchements, les voix des maitres qui avaient déjà hésiter à l’acheter. Elle était à fleur de peau. Le marchand se glissa alors dans son dos et à sa grande surprise : il ôta simplement son bandeau. Elle fut d’abord éblouie et puis le grand flou blanc s’estompa jusqu’à ce qu’elle discerne une silhouette devant elle. Ce n’était pas celle du gros et gras et laid marchand, non, c’était celle d’une femme, élancée, fière, séduisante… Valérianne se sentit humble et le rouge lui monta aux joues quand elle posa enfin un regard clair sur le visage de la vampire. Depuis toute petite elle avait été autant fascinée qu’effrayée par ces êtres, elle avait souvent rêvé de pouvoir en devenir une, mais ce n’était qu’un fantasme. Et alors jamais elle n’avait été aussi proche de l’une d’elle et celle-ci la fixait ardemment. Valérianne ne s’était jamais sentie aussi fragile et peu sure d’elle, et en même temps intriguée par une femme. Elle aurait été dans ses petits souliers si elle en avait mais sa presque nudité n’en rajoutait que plus à son émoi sincère. Elle lui répondit avec une voix d’enfant :

- "Votre humble esclave a pour nom Valérianne, mais je répondrai aux noms que vous voudrez bien me donner."

Elle avait dut apprendre par cœur se genre de phrase sur ordre du marchand, mais c’était bien la première fois qu’elle y trouvait des bribes de vérité. Elle se demanda si c’était de la magie, le charme des vampires, mais elle eut honte de penser qu’elle pouvait être séduite, c’était ridicule, tout ce qu’elle voulait au fond c’était retrouver sa vie d’avant… Oui c’est ça ! Cria t-elle dans sa tête….