Le sang de Lawrence Von Verrat

"Un matin comme les autres" aimerait-il dire. Pourtant, un vide froid parcouru l'esprit du jeune démon lorsqu'il s'éveilla sans sentir l'odeur particulière de son majordome mêlée à celle des viennoiseries chaudes du matin.
Avec une grimace, Lawrence s'extirpa de ses draps en sentant maintenant le froid envahir son corps. Une fois de plus, l'absence du vampire qui l'aurait couvert de sa robe de chambre, lui soutira un petit froncement de sourcil. Le garçon soupira en l'enfilant tout seul. Décidément, il s'était trop habitué à la présence de Peter.
Ce dernier était partit depuis déjà trois jours, mais après tout, c'était une des conditions de sa servitude que Lawrence avait accepté.

Le jeune démon alla dans la cuisine et ses yeux parcoururent rapidement la pièce. Trop rapidement pour chercher quelque chose ou quelqu'un, mais trahissant l'espoir du jeune démon de retrouver son camarade, toujours élégamment vêtu, lui servant le thé, une expression impassible sur le visage.
Mais la cuisine était vide. Le frigo, lui, avait été rempli par les soins du vampire mais Lawrence ne se sentit pas d'appétit et préféra sortir sans même l'ouvrir. Peut-être était-ce inconsciemment pour indiquer au vampire que son maitre n'appréciait pas son absence, en laissant la nourriture intouchée et moisie.

Aujourd'hui, le jeune garçon n'était loin d'être d'humeur joviale et ses cheveux s'en étaient retrouvés noircis. Il usa tout de même consciemment son pouvoir de métamorphose pour adapter sa taille à celle d'un adulte. Vêtu d'un manteau noir et d'aucun autre signe particulier, il préférait éviter de se faire trop remarquer sans la présence et protection du vampire.
Il avait, une nouvelle fois inconsciemment, prit l'apparence qu'il avait eut à sa première rencontre avec Peter. Avec cette apparence passe-partout, Lawrence sortit de la villa, la démarche morose. Il prit soin de ne pas oublier les clés contrairement à la première fois qu'il était sortit sans son majordome.
Essayant de d'ignorer le cliquetis agaçant du métal dans sa poche, le démon prit la direction de la ville d'un pas rapide. Sans savoir où il allait, il erra quelques minutes dans les rues encore vides de la ville. Il passa sans un regard devant le restaurant où il avait mainte fois dîné avant l'arrivée de Peter et se dirigea vers le marché aux esclaves.
Loin de lui l'idée de recruter un nouvel esclave pendant l'absence de Peter, cependant cela lui avait donné une excuse pour repasser à l'endroit où il avait rencontré son précieux majordome et refaire le chemin qu'ils avaient fait ensemble quelques semaines auparavant. Le vampire était de loin plus intelligent et qualifié que n'importe quelle créature entassée dans une cage. Pourtant, le garçon ralentit le pas pour observer les silhouettes.

Un sourire malsain vint soudainement illuminer le visage du démon. Et s'il achetait quelques créatures pour en extirper lentement le liquide de vie d'une façon poétique ? Après tout, il avait largement suffisamment d'argent et n'était plus sous la tutelle de son majordome...
Mais cette dernière pensée assombrit rapidement le visage du garçon qui s'éloigna des cages. Peter n'avait fait que subir son désir de contrôler ses pulsions sanguinaires et avait lui-même du résister à l'appel de la soif pour l'aider. Lawrence n'avait pas besoin d'un majordome pour se contrôler lui-même.

Cependant, en continuant à marcher dans les rues sombres, sans but, ruminant ses pensées sur l'absence de Peter, la frustration de la solitude vint lentement lui serrer la gorge. Le démon sentait ses pulsions battre de plus en plus fort, ses muscles se crisper et sa conscience s'éloigner peu à peu pour laisser place à la bête. Mais le garçon était toujours là, comme du côté passager et se rendait bien compte qu'il n'était pas très judicieux de laisser une bête sanguinaire dans les rues. En tout cas, Peter n'aurait pas apprécié et n'apprécieraient surement pas l'apprendre en rentrant. Il était peut-être encore temps de rentrer et s'enfermer dans sa salle blindée pour se défouler sur ses sachets de sang préparés. Mais ce n'est pas assez. Le sang ne suffit plus, il faut sentir la chair se déchirer...

Sentant la bête s'énerver, le passager appuya sur l'accélérateur pour tenter de s'enfermer avant qu'il ne soit trop tard et se mit à courir. Il mit peu de temps à rentrer en collision avec quelque chose, ou plutôt quelqu'un, ou plutôt un gros ballon de chair et de sang frais...
Figé, un grand silence se fit dans l'esprit de Lawrence, comme si la bête et sa conscience se dévisageaient dans un face à face tendu. Fallait-il s'excuser et passer son chemin comme lui aurait suggéré Peter ou se jeter sur ce prétexte pour lâcher la folie meurtrière qui grouillait depuis trop longtemps dans les entrailles du garçon. Avec un rictus démoniaque, les yeux rougis par le désir, Lawrence observait pétrifié, sa proie.

Une fois de plus, Alisa avait dormit dans le froid de l'automne, dehors. Elle émergeais à peine de son sommeil agité. Elle avait fait des affreux cauchemards toute la nuit. Elle s'était vue, elle-même entrain de tuer quelqu'un. Et dans son rêve, la lame de son sabre était zébré de sang. Elle se revoyait encore et encore entrain de regarder son sabre, le regard ébété, la bouche-bée, une lueur de dégoût pour elle-même dans ses yeux si bleus. Elle se revoyait lâcher cette arme avec laquelle elle s'était rabaissée au point de tuer, ou du moins, d'aider à la mort d'une personne. Rien que d'y penser, la jeune neko en avait les larmes aux yeux. Elle n'arrivait pas à aimer la mort. Autant, elle aimait se battre pour le plaisir, mais tuer, c'était une sorte de rabaissement pour elle. Et ce rêve la chamboulait un peu. Elle avait du mal à se dire que ce n'était qu'une image que son sub-conscient avait créé. Elle soupira encore une fois, surement la dixième fois de la matinée et se redressa difficilement et grimaça en se disant qu'elle avait dormit sur une bosse. Elle rangea son sac de couchage dans son sac et l'endossa.

Elle prit le chemin de la ville en silence et marcha quelques kilomètres, à peine un ou deux pour arriver. Elle déposa son sac dans le placard d'un imeuble vide et continua sans, juste son argent en poche. Elle avait récolté un petit pactole en volant par si par là, par nécessité plus qu'autre choses. Elle s'arrêta dans une boulangerie et profita de l'absence de la vendeuse pour voler une baguette et une grosse meringue. Elle sortit en douce et reprit son chemin en mordillant sa baguette. Les rues désertes faisaient presque peur mais Alisa n'y faisait guère attention. Elle méditait en silence. Elle était littéralement perdue dans ses pensées. Elle mangeais la fin de sa meringue lorsqu'elle tourna au coin d'une rue, la mauvaise de la journée surement... Elle se glissa dans le tournant en un silence effroyable, presque glauque. Elle percuta alors... Un regard de peur la traversa en un instant. Cet... cet homme, c'était l'homme qu'elle avait vu mort dans son rêve. Elle frissonna et fut prise par un vertige soudain. Ses jambes flagolèrent et elle le regarda, désespérée avant de passer à côté et de partir en se tenant la tête entre les mains, les larmes aux yeux.

Non, non, non... Ce... n'était pas possible, ce n'était pas lui, ce rêve n'existait pas. Alisa en devenait presque folle. Elle s'arrêta au bout de quelques centaine de mètres à peine et se laissa choir sur le trottoir abîmé de la route. Chaque fois qu'elle se calmait, elle revoyait la tête de l'homme, puis, cet affreux rêve qui repassait en boucle.

(Un bâillement annonça l'ouverture de ses paupières, il vérifia rapidement que sa cible n'était pas parti, non, elle semblait encore bien là, un étirement et un "repas" plus tard, il dut plier bagage, la cible sortait, pas rapide, il le suivait, de haut, les bâtiments était assez adjacent pour le lui permettre. Il nota mentalement que le trajet semblait sans destination, à l'exception d'un tournant, clairement vers le marché des esclaves, soit la cible ne reconnaissait que mal les rues ou alors ne faisait que se promener, sûrement pensante. Au marché, la cible sembla étudier les être enfermée, il s'assit, il allait sans doute en acheter, rien de bien différent des autres maîtres, quel ne fut pas sa surprise, il repartait, se relevant rapidement, en payant le prix, il était encore trop tôt, faible pression sanguine, mais se retint et parti au plus vite le suivant l'ayant presque perdu avant qu'il ne rencontre quelqu'un, une simple altercation, mais la cible ne semblait pas l'avoir apprécier, se rapprochant pendant cet instant, il manqua sauter, essayer d'aider la personne qui maintenant s'enfuyait, il observa, si il agissait maintenant, il perdait peut-être l'occasion de gagner des infos plus qu'intéressantes, il préféra observer la réaction de la cible avant d'agir, sait-on jamais)

Semblant presque comprendre ce qu'elle risquait, la jeune fille que Lawrence avait percuté eu un regard horrifié à la minute où elle vit les yeux rouges du jeune démon qui la fixait. Mais toujours bloqué dans son grand dilemme, le jeune garçon se contenta de la laisser passer, toujours en la regardant d'une façon malsaine.
Même l'air un peu abimée par la vie, la jeune néko lui semblait tellement attirante. Sa peau semblait si douce, quel bruit ferait-elle en se déchirant ? Et son sang ? Quel goût, quelle odeur, quelle texture ?
L'attention fixée sur sa proie, Lawrence vit la jeune fille faiblir et s'assoir sur le trottoir comme si l'aura maléfique du démon la terrorisait encore. Enfin, la bête bougea.

Trouvant enfin son compromis, Lawrence s'avança vers la jeune fille en essayant de ne pas lui bondir dessus. Il s'approcha tentant au mieux de masquer les spasmes qui parcouraient ses muscles et prit la parole d'une voix suave et charmante.

- Veuillez m'excuser de vous avoir bousculé, mademoiselle, je ne regardais pas où j'allais. Vous m'avez l'air bouleversée, j'espère que je n'en suis pas la cause.

Quelles belles excuses, Peter aurait été fier. Mais il aurait aussi sentit que quelque chose de malsain se cachait derrière ces excuses. Le jeune homme s'assit près de la néko en tentant de ne pas trop réagir à son parfum qui l'enveloppa. Avec un petit sourire enfantin, il soupira faussement en regardant autour de lui. Chaque parcelle de sa peau tremblait de désir mais le contrôle fut beaucoup plus facile cette fois.

Quelle étrange sensation, pour la première fois le jeune garçon se sentait frissonner d'énergie tout en restant bien conscient. C'était la première fois qu'il trouvait un compromis avec le prédateur qui grouillait en lui. Il se sentait si fort, et quelque part, si malin.
En réalité c'était la bête qui se trouvait très maline d'avoir dupé son hôte et d'enfin pouvoir attaquer une proie sans contrôle aucun.

Alisa essuya ses pauvres yeux pleurant en le voyant se rapprocher d'elle. Elle parassait si misérable et idiote. Mais en même temps, que faisait-il! Il courrait droit vers la mort. Alisa se sentait coupable d'être ici même. Ce rêve l'avait bien plus que chamboulée et c'était bien dur de se dire qu'elle n'allait rien faire à cet homme, ou plutôt cet enfant. Il paraissait si jeune... Elle releva la tête seulement au moment où il se pencha sur elle pour lui parler. Elle s'apaisa à peine lorsqu'il lui parla. Elle faillit rééclater en sanglots. Mais sa dignitée la sauva. Ce n'était pas lui la cause, c'était elle. Elle était littéralement dégoutée d'elle-même, car elle avait entendu bien plus d'une fois ces mots, "Ce que le sub-conscient nous montre lors d'un sommeil, ce rêve devient réalisable.". Rien que cette phrase était flippante. Elle renifla et regarda le jeune homme en répondant à son sourire par un autre.

"Merci, mais tu es loin d'être la cause de mon chagrin tu sais! C'est... psycosomatique en fait, je fais des crises comme ça parfois!"

Alisa mentait comme aussi bien qu'un escargot peut dépasser les 40 Km/h... Bref, elle était vraiment mauvaise menteuse, elle n'avait plus qu'à espérer qu'il ne s'en rendrait pas compte. Il fallait qu'elle change de sujet, qu'elle engage la discussion sur autre chose pour ne pas éveiller les soupçons. A vrai dire, peut-être qu'il ne verrait rien... Mais c'était peut-être trop demander, non? Enfin, elle se décida à poser une question et arrêter de cogiter sur ça.

"Comment t'apelle-tu? Moi c'est Alisa, Alisa De Lahaut."

Elle lui sourit chaleureusement en essayant de lui montrer qu'elle allait bien à présent. Pourtant, elle était loin de se douter qu'on voulait lui boire son sang, bien loin... Elle pensait que la seule méchante, c'était elle. Enfin, ce n'était pas le garçon en lui-même qui voulait boire son sang, c'était sa soif. C'est un peu compliqué, mais en simple et grossièrement expliqué, c'est ça. Donc, on peut dire qu'elle se trompait vaguement. La jeune neko se détacha de derrière ses genoux et ramena ses talons contre elle pour se mettre en tailleur, se tenant droite contre le mur sale. Elle avait séché ses larmes et les avait remplacées par un sourire rayonnant qui se voulait de cacher ses vrais sentiments. Une sorte d'hypocrisie, quoi...

(Yamatori continua de suivra discrètement la cible, moins dans l'élan de surprise, il nota et fit un croquis de l'apparence de la Neko, une petit fille, peut-être majeure ou pas, difficile à dire, fait rare, poils et cheveux roses, de ce qui était visible du moins. Si ce n'est un mauvais pressentiment, tout semblait cordial, peut-être était-ce là l'étrange de la situation, un maître démon devant une Neko, esclave ou alors une rebelle qu'il n'avait pas encore vue, et semblant presque ami, peu importe, il était, malheureusement, trop loin pour entendre, si ce n'est que des murmures audibles, mais pas assez, il se rapprocha au maximum, tout en évitant tout bruit possible, main sur son épée, prêt à toute éventualité. Les paroles furent plus clair, mais, décidément, pas assez, sortant un petit appareil d'écoute, il glissa un écouteur dans une oreille et brandit le panneau sphérique vers le couple improbable.)

"...Alisa, Alisa De Lahaut."

(En toute logique, elle parlait d'elle, Yama connaissait déjà le nom complet de sa cible, un certain Lawrence Von Verrat, il nota mentalement, mais il était fort probable qu'elle mente, sauf si elle était idiote.)